Entre Azissia Mega et les Martiens

Azissia Mega n’avait jamais été du genre à se laisser démonter par quoi que ce fut. Après tout, c’était ce qui lui avait valu sa place à bord du Starliner, et c’était aussi sans doute pour cela qu’elle était devenue sa présentatrice vedette. 

« — Woah, vous avez vu comment Sip monte là-dessus et attrape ça, ça, ça c’est de l’expertise ! » 

Dans l’encart affichant le flux vidéo de la caméra interne de son casque, Success Gift « Sip » Abara avait souris en secouant de la tête. Elle est complètement perchée avait-il sans doute pensé, avant de reprendre sa tâche visible sur la fenêtre principale. L’acrobate, engoncé dans une volumineuse combinaison rigide, flottait lentement d’une jointure à l’autre du revêtement extérieur du bouclier sommital du Starliner. S’arrêtant précautionneusement à chaque étape, il s’assurait d’abord que sa ligne de sécurité n’était pas emmêlée puis s’attelait à sa tâche principale : évaluer les fissures formées par les écarts thermiques et, si elles étaient larges de plus d’un ou deux millimètres, les colmater à la mousse expansive auto-rigidifiante à l’aide d’un pistolet applicateur. 

C’était la cinquième fois que Sip effectuait l’une de ces sorties répétitives que son habileté et son sérieux rendaient d’autant plus ennuyeuses à regarder. En fait sans Azissia toute cette partie du voyage aurait été profondément monotone ; le Starliner s’éloignait à présent du Soleil à la vitesse ahurissante de 216km/s, mais comme il avait cessé d’accélérer l’apesanteur complète avait repris ses droits sur le vaisseau. L’astronef avait retourné son bouclier anti-radiation rempli d’eau vers l’étoile sitôt ses propulseurs principaux coupés, mais depuis cette dernière manœuvre il ne semblait plus rien se passer : dans l’immensité noire de l’espace, ils ne percevaient plus vraiment leurs déplacements, et ils ne croiseraient de près aucun objet, humain ou naturel, avant des mois. La maîtresse de cérémonie du Starliner avait fini par apprendre et comprendre toutes ces choses, mais elles ne l’intéressaient toujours pas vraiment. 

« — Tout va comme tu veux Sip mon Doudou ? »

« — Oui oui tout va bien Zizi ! » gouailla-t-il. Azissia prit un air faussement choqué et fixa un instant sa propre caméra, à gauche de son écran, à son poste sur la passerelle. 

« — Enfin Doudou, je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça devant toute l’humanité ! » Elle roula des yeux de façon théâtrale avant d’écarter ses mèches bouclées des bords de son visage à l’aide de ses délicats faux-ongles bleus. 

« — Pourquoi, ça te rappelle trop que tu vas devoir te contenter de tes godes pour les six années à venir ? » Et tous deux éclatèrent d’un rire franc. 

« — Oh ça c’est pas très gentil Doudou enfin ! » parvint-elle à articuler en papillonnant des yeux pour empêcher un épanchement de larmes flottantes qui auraient désordonné ses longs faux-cils. « Et puis c’est pas comme ça qu’on va gagner le Love Game ! N’oublie pas que les gens parient quand même que c’est nous qui formerons le premier couple du Starliner ! »

« — Alors les gens oublient que je suis à la lettre mes principes religieux ! » ajouta-t-il avec le même amusement dans la voix. Pour une fois, Azissia ne pouvait pas dire s’il blaguait ou non mais, bonne joueuse, elle reprit : 

« — Dommage, car moi c’est toi mon principe religieux, je te trouve beau comme un dieu. Mais un dieu ça se respecte, et moi je suis pas une prédatrice sexuelle. » Elle se tourna à nouveau vers sa caméra : « Mettez bien ça dans vos têtes d’ovules ! » 

Elle pressa la commande remplaçant Starliner Live With Azissia par une série de publicités. Sip avait besoin de se concentrer, il n’avait plus qu’une demi-heure de sortie devant lui avant de devoir rentrer pour limiter son exposition aux radiations. Et la présentatrice voulait également se donner un peu de repos. 

« — Je reste là si t’as besoin Sip, fais bien attention à toi quand même hein ? »

« — T’inquiète Azissia, aucune imprudence permise. »

Elle vérifia rapidement les statuts des autres membres d’équipages, ouvrant les flux vidéo des pièces où ils se trouvaient lorsqu’ils ne s’étaient pas passés en privé : Codriche entretenait ses carottes et ses aubergines dans la « ferme » bien entendu, sans surprise Sangsue-de-Vie développait des molécules psychotropes expérimentales dans le labo médical et May se fabriquait une nouvelle perruque avec l’imprimante 3D de l’atelier bien sûr. Tiens, il faudrait qu’elle l’accompagne la prochaine fois et qu’elles en fassent un live, la fantasque biologiste en serait sans doute très amusée. Grace, Deekshith et Exposant-Douze, quant à eux, étaient en mode privé et devaient se reposer dans leurs cabines respectives. 

Azissia avait encore plus d’une heure devant elle avant qu’on la relève, alors elle ouvrit son fil d’alertes TwootZ, filtre « éléments importants ». Son dix-septième album, Azissia In The Sun, restait en tête des charts sur tous les mondes et dans toutes les stations du système solaire ; la chanson-titre, Big Bright Blinding Spheres! avait encore été écoutée 358 millions de fois au cours des 12 dernières heures. D’après l’agrégateur de critique de TwootZ, un consensus se dégageait des critiques professionnelles : Madame Mega ne révolutionne toujours pas la pop, et ses talents au chant, à la composition et à la production restent basiques, mais ses paroles savamment stupides restent inégalées, d’un magnétisme irrésistible, touchant et réjouissant tout à la fois. Le « Madame Mega » la fit rire, mais elle retrouva son sérieux en se disant que Savamment Stupide ferait peut-être un aussi bon titre que Eat Me Raw ou First Out Then In Again pour l’autobiographie qu’elle comptait écrire pendant le reste du voyage. Ou alors elle pourrait l’utiliser pour un second album enregistré directement à bord du Starliner ? Ça attendrait encore un peu. 

La star de l’outrance prit une profonde inspiration et expira lentement, prenant le temps de… Sangsue-de-Vie t’es une bouffonne ça marche pas c’te merde ! Se mordillant la langue par jubilation, Azissia retira le filtre « éléments importants » et laissa les réactions anonymes TwootZ à son intention la submerger. Des millions, peut-être des milliards d’insultes et de déclarations d’admiration ou même d’amour se déversèrent sur l’écran au point de causer des bugs d’affichage et de faire battre la chamade à son cœur légèrement blasé. À quarante-six ans, elle avait réussi son pari : la jeune pauvresse méprisée, née d’un père algérien et d’une mère guyanaise, était devenue la femme la plus célèbre du système solaire et l’une des premières à partir jusqu’à sa frontière. Qu’on la déteste ou qu’on l’acclame, tout le monde savait qui était Azissia Mega et personne ne pouvait se sortir de la tête au moins l’une de ses formules fétiches (probablement le désormais fameux « tête d’ovule »). Les milliardaires passéistes gouvernant les enclaves « traditionnelles » sur Terre et leurs lèche-bottes haïssaient tout ce qu’elle irradiait, tandis que tous les autres humains ou presque adoraient la singularité qu’elle représentait dans le paysage médiatique humain global. Azissia était heureuse de pouvoir inspirer d’autres opprimées mais, même si elle ne voulait pas perpétuer involontairement sexisme ou racisme, ce n’était pas par altruisme militant qu’elle faisait ce qu’elle faisait.

Azissia adorait être au centre de l’attention et causer de l’agitation, tout simplement. Mine de rien, cela réclamait du talent de se donner ainsi en spectacle en permanence. C’était d’ailleurs sans doute son plus grand don, et elle en avait tout à fait conscience ; à défaut d’avoir reçu une formation académique exhaustive et poussée, Azissia se savait intelligente. Bref, elle n’aurait pas pu être plus comblée. 

Seulement, tout cela devait s’entretenir en permanence. Azissia fit claquer ses lèvres pulpeuses et rouvrit le brouillon de script qu’elle avait commencé pour le prochain épisode en direct de son émission hebdomadaire Azissia parle de l’espace depuis l’espace ! Les dernières fois elle avait parfaitement réussi à se mettre à dos tous les chauvinistes de Vénus et de Mercure et, maintenant que le Starliner s’apprêtait à dépasser l’orbite de la planète rouge, beaucoup de monde attendait avec impatience de voir comment la terrienne allait s’y prendre avec les martiens. Ceux-ci étaient généralement autrement plus ombrageux à l’égard du reste de l’humanité.  

Tout d’abord, Azissia fit vraiment le vide : à force de vivre avec des gens aussi incroyablement compétents et gentils, elle avait fini par retenir pas mal de choses sur les différentes planètes et lunes du système solaire. Lentement, elle s’imposa d’oublier tout ce que Deekshith lui avait patiemment appris ; aller savoir pourquoi, les faits concernant la Terraformation Martienne, la Grande Guerre de Libération et la Révolution De Rouille s’étaient gravés dans son esprit. Pire encore, puisqu’il s’agissait d’un sentiment qu’elle ne parvenait pas à réprimer, elle ressentait même une profonde admiration pour les martiens et les martiennes. Elle écrivit un certain nombre d’idioties sur son document et attendit. 

Sip était repassé dans le sas, et l’IA du bord indiquait que 95%  des fissures étaient réparées. Là où ils allaient, ils n’auraient pas besoin de plus, lui confirma Grace qui venait la relever de son quart. Azissia fit un crochet par la salle de sport du vaisseau, agitant ses formes généreuses dans les machines adaptées à la gravité zéro face à sa caméra personnelle pour son émission quotidienne Azissia Bouge ! Les commentaires affluèrent après deux minutes entières ; Il y en eut bien quelques-uns pour s’extasier que ses seins et ses fesses tournent chacun dans un sens différent de l’autre, mais une majorité des spectateurs et surtout spectatrices s’inquiétaient qu’elle eut l’air si préoccupée. Comment leur dire qu’elle ne savait pas comment s’y prendre pour insulter les martiens ? Elle ne mériterait pas de porter le nom « Mega » qu’elle s’était choisi si elle admettait cette grave faiblesse. 

Enfin revenue dans sa cabine, elle se doucha aussi longtemps que lui permettait le compteur d’eau du caisson de douche zéro-g (la caméra était coupée évidemment), et elle fit une longue sieste… Qui ne lui apporta aucune solution pour son épineux problème. En désespoir de cause, Azissia décida de suivre le premier précepte qu’elle s’était donné trente ans plus tôt : ne pas se prendre la tête. Elle effaça son brouillon de script et entra détendue dans le « bureau de crise » qui lui servait de salle de travail. En dernier recours elle avait toujours son inspiration. 

Elle s’installa dans son fauteuil spécial et ouvrit à l’écran la vidéo que prenait en direct l’un des télescopes du Starliner. Grâce à ses puissants zooms, Mars semblait toute proche, même si dix-sept millions de kilomètres les en séparaient. Il faudrait de longues secondes avant que ses paroles n’atteignent la planète mi-rouge mi-bleue mouchetée de vert et marbrée de blanc. Elle n’avait pas encore beaucoup de suiveurs et de suiveuses sur Mars, qu’ils veuillent rester à jour avec ses frasques par haine ou par amour ; changer cela était un défi qu’elle voulait relever. 

***

 « — Martiennes, martiens, martiennestres peut-être. Je suis Azissia Mega, et là, tout de suite, dans Azissia parle de l’espace depuis l’espace ! Je vais principalement parler de vous et vous en parler à vous. » Quelques secondes de sourire et… Seulement quelques milliers de spectateurs et spectatrices, la plupart même pas sur Mars même mais à bord de stations ceinturéennes plus affiliées à la Terre qu’aux rouges. Elle ne se laissa pas décourager : « Regardez un peu ce que j’ai à l’écran ! » qu’elle partagea entre la vue offerte par la micro-caméra lui faisant face et celle retransmise par le télescope du Starliner. Encore quelques secondes et le nombre de personnes suivant la transmission augmenta de plusieurs dizaines de milliers ; certaines venaient bien de la planète rouge, et les messages commencèrent à pleuvoir. 

L’un d’eux lui sauta immédiatement aux yeux : Meuf, on pensait que t’oserais pas !

« — Moi j’ose tout vous le savez, ce que disent les terriens des martiens et les martiens des terriens je m’en fous je suis pas une tête d’ovule ! »

Alors tu penses que nous et les terriens c’est du pareil au même ? s’indigna un autre commentaire. Elle ne se laissa pas désarçonner et poursuivit, en fait inspirée et même énergisée par ce début d’attaque : 

« — Il est temps qu’une terrienne parle de Mars et des martiens sans filtre ! » La formulation volontairement provocatrice déclencherait une tempête de réactions outrées sur la planète plus si rouge (en tout cas visuellement) quelques secondes plus tard, mais elle ne voulait pas attendre de voir les commentaires liés et poursuivit, après avoir tout de même marqué une légère pause : « Moi je vais dire pour la première fois ce que peu de monde est prêt à entendre chez moi : les martiens sont des kings, les martiennes des queens, les martiennestres des divinities qui ont pas besoin de balls et de eggs ! Vous avez foutu la misère aux Young, aux Koos et à tous les milliardaires qui voulaient vous utiliser sans rien donner c’était incredible. Et maintenant vous tous sans exception vivez plus fiers que sur Terre, moi je soutiens ça je dis même WOW !! »

Après quelques temps, un algorithme fit ressortir un commentaire martien vraiment apprécié des locaux et locales : Ouais enfin qu’est-ce tu crois savoir de la vie sur Mars ? Et est-ce que t’étais si défavorisée que ça sur Terre ?

« — Je sais pas vraiment tous les détails de comment ça se passe sur Mars, et d’ailleurs je veux bien en savoir plus là, faites votre propagande putain ! Mais je sais que même si vous avez pas grand-chose, même si vous pouvez pas encore respirer l’air extérieur sans masque car trop de gaz toxique et qu’en plus souvent ça pue chez vous -si on m’a menti faut me détromper mes petites castagnettes- bah je sais aussi que vous partagez tout, que personne est laissé à crever la gueule ouverte et vous avez pas de guerre. Je suis peut-être riche maintenant, mais avant petite j’ai connu la faim, vivre à la rue, et puis fuir la guerre j’ai donné aussi. Siècles obscurs de mon cul ils sont pas finis ! Et je vais vous dire en plus : ce qu’on vous dit sur la Terre c’est vrai. On a des clochards -être clochard c’est un état d’esprit- qui sont riches à se poncer le gland avec des diamants mais qui donnent même pas des frites au reste de l’humanité, sauf à leurs suceurs comme Robert Williamson ? » Oops elle avait peut-être été un peu loin… « Grace est en instance de divorce vous le savez, elle serait d’accord avec moi !! »

Des émojis de visages riant aux éclats mais aussi de pouces levés plurent sur le live, et Azissia décida d’exprimer le fond de sa pensée au sujet de l’état social et économique terrestre : 

« — Eh les martiens les martiennes les martiennestres, vous savez c’est quoi la seule chose vraiment démocratique et universelle sur Terre ? Le trou du cul. C’est le dernier truc que chaque terrien à forcément et qu’on peut pas nous prendre ni exploiter. Enfin à quelques exceptions près, heureusement pas trop longtemps. Et en plus d’un autre côté on nous dit qu’on a pas le droit de jouer avec. Imaginez un peu, bonnes gens de la planète plus si rouge, si la seule chose que vous pouviez encore utiliser comme vous voulez, et encore discrètement, c’était votre trou du cul ? Je sais pas vous mais moi perso j’aurais le seum. Et d’ailleurs j’ai le seum ! »

Les émoticônes déferlaient à présent, et des centaines de milliers de connexions uniques provenant de la quatrième planète du système solaire entraient sur le live toutes les dix secondes. 

« — Enfin oui l’anus très très bien pour tout ce qu’il peut faire, mais évidemment… » Elle écarta à nouveau une mèche de devant ses yeux. « Ce n’est pas mon sujet principal aujourd’hui. » Elle mit sa bouche en cœur et gloussa, feignant l’embarras. « Faut que je parle aussi de votre planète en elle-même, car ça aussi là c’est champion ! Imaginez, j’ai quand même déjà vu, bon de tout aussi loin, Mercure et Vénus, et bah je peux vous dire c’était pas le même délire ! » 

De deux brefs clics, les deux autres planètes croisées précédemment par le Starliner s’affichèrent aux côtés de Mars. 

« — Vous les voyez mes petits bulbes à jambons ? Même de l’espace ça donne pas envie nan ? Mercure elle a tellement de cratères on dirait ma sœur à la fin de l’adolescence, et Vénus là avec ses vieux nuages, on dirait un pot de lait caillé, ou le vieux fromage qui schlingue là pourquoi cette tradition bretonne s’est pas encore perdue mystère. Ça vous donne envie vous ? Et en plus on y fait que de casser des cailloux ou d’y pomper l’air pour enrichir les mêmes poncés du gland ! Même pas ça veut nous faire un truc vraiment iconique ! Alors que quand je regarde votre Mars mais WOW je vois les forêts, je vois les plages, je vois plus de saumons, plus de phacochères, plus de papallions je vois plus… Plus de toutes les saloperies incroyables qui devraient encore trotter et sauter, gratter même !, partout sur Terre mais qu’on a plus que dans les zones que les gros cons appellent « ethniques », comme chez Codriche ! Bisous les bébés ethniques, Azissia vous aime, dommage que vous soyez pas partout ! »

Azissia interrompit sa diatribe un instant pour reprendre son souffle ; elle réalisait que peu de personnes avaient connu le privilège de traverser l’intégralité du système solaire interne en un seul voyage. De même, aucun martien, aucune martienne, aucunæ martiennestre encore en vie n’avait vu les autres planètes de près, sans parler de s’y poser. Il fallait utiliser ce privilège de la bonne façon :

« — Moi je dis vive Mars qui est plus vraiment rouge en vrai mais qui reste rouge par l’esprit ! Vive Mars libre, vive Mars sans milliardaires, vive Mars sans gouvernement, vive Mars laissée à la nature, vive Mars sans argent, vive Mars sans clochardise ! Mars où on frotte tous les cochonnets librement ! Mettez bien ça dans vos têtes d’ovules ! »

Azissia claqua dans ses mains avant de s’incliner trois longues fois, sous les vivats pixélisés des dizaines de millions de bonnes gens de Mars venues par curiosité et restées par amusement autant que par respect. Elle poursuivit son live pendant encore une bonne heure, interagissant positivement avec la foule rouge numérique électrisée. 

Enfin, lorsqu’elle interrompit le live, Azissia ne put s’empêcher de sourire, plutôt contente d’elle-même : finalement tout s’était passé à merveille, et elle n’avait eu à insulter que ceux qui, à son sens, le méritaient. Elle aspira le contenu d’une poche de jus de fruits reconstitué et décida de sortir de sa cabine pour aller se balader un peu dans le reste du vaisseau. En ouvrant sa porte elle tomba nez à nez avec May, qui gloussa : 

« — Azissia t’as pas vu ? Je pensais que tu réagirais directement sur TwootZ ! » Et elle lui tendit immédiatement l’écran de son propre micro-ordinateur : La Guilde des Milliardaires d’accord pour interdire à Azissia Mega de revenir sur Terre. L’intéressée se mit à rire en retour en prenant son amie par le bras : 

« — Qu’ils essaient seulement. On verra dans six ans, quand j’aurais chauffé mes fans et que des foules hystériques exigeront mon retour ! » Elle commença immédiatement à noter cette bonne idée de tirade en prévision d’un prochain live enflammé. May repartit d’un nouvel éclat de rire en consultant une nouvelle dépêche :

« — « Les communes martiennes unanimes pour accorder à Azissia Mega le statut de Vraie Martienne ; une première pour une personne n’ayant jamais posé le pied sur la planète rouge » ! T’es plus seulement une chanteuse, une icône et une égérie, t’es aussi une diplomate ! » l’excitation faisant trembler sa voix.

« — Faut que j’ajoute ça, diplomate, à mon profil TwootZ oui… » conclut Azissia. « Oh mes petits fouets-saucisses de Mars… Azissia passera vous voir. » Et elle nota également cette tirade pour son prochain épisode de Azissia parle de l’espace depuis l’espace ! qu’elle comptait sous-titrer Azissia dans les vents de feu du système solaire !!!

« — Ah j’en peux plus c’est trop bien. Je pensais pas que t’étais une dingue à ce point Azissia franchement tu fais que de te surpasser dans le chaos j’adore ton n’importe quoi. Faut qu’on se fasse des lives ensemble. Je t’aime trop ! »

« — Moi aussi je t’aime ma bestiole. Une bonne idée ça des lives May/Azissia : tu me feras ton makeup d’alien et je te ferai mon makeup de bête de scène WOW ! Faudrait qu’on aille sur Mars ensemble à la fin de la mission. Deux stars comme nous y ont leur place. »

Bras dessus bras dessous, l’idole interplanétaire et la dragqueen hors-sol se lancèrent vers la salle de repos tandis que, sur les internets du système solaire, fusaient les commentaires portant sur les dernières frasques d’Azissia Mega. La mission allait vraiment dépasser les attentes les plus folles !

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