Cérès, planète qui a dû se serrer la ceinture

La voilà, la « star » de la ceinture d’astéroïdes… Enfin, la ceinture elle-même n’est pas très connue, et son plus grand corps n’a jamais vraiment connu non plus les faveurs du grand public. Alors, Cérès mériterait-elle d’être laissée de côté dans notre grand tour du Système Solaire ? Non ! Car elle est un cas unique : une planète naine « perdue » entre les planètes au sens strict !

Un monde minuscule

Cérès orbite autour du Soleil entre Mars et Jupiter, à une distance moyenne de 2,8 UA environ. Soit à peu près la distance à laquelle plusieurs astronomes du XVIIIème siècle prédisaient qu’une planète « invisible » devait se trouver. Las, Cérès, découverte fortuitement en 1801 par un religieux italien féru d’astronomie et nommée d’après la déesse romaine des moissons, n’a pas vraiment la carrure d’une planète

  • Cérès est minuscule : seulement vaguement sphérique, elle mesure en moyenne à peine 965 km de diamètre, soit moins que la distance totale entre le nord et le sud de la France métropolitaine ! 
  • Pour se donner une autre perspective, la superficie totale de la surface de Cérès, toisant un peu plus de 2,77 millions de kilomètres-carrés, est légèrement inférieure à celle de l’Argentine, le 8ème plus grand pays du monde
  • Cérès est tellement légère que sa masse ne représente que 1,3% de celle de notre Lune et 0,016% de la masse de notre planète… 
  • De fait, la gravité ressentie à la surface de Cérès n’équivaut qu’à 2% de celle que nous ressentons sur Terre, insuffisant pour conserver une atmosphère… 
  • Cérès serait même tellement légère que son intérieur ne serait que partiellement différencié : du fait de son manque de masse, ses matériaux lourds ne se seraient pas entièrement séparés des éléments plus légers dans son cœur pour former un noyau bien défini entouré d’un manteau démarqué…    

Cérès serait en fait une protoplanète, un corps s’étant formé par « condensation » de la poussière constituant la nébuleuse solaire originelle. Seulement, du fait de l’influence gravitationnelle de Jupiter toute proche, elle aurait été incapable de s’agréger à d’autres corps similaires… 

Mais avec d’étonnantes promesses

La sonde spatiale Dawn, arrivée à destination de Cérès en 2015, nous a cependant révélé un monde qui n’avait rien de moribond (à l’échelle des petites planètes froides s’entend). Plusieurs aspects de la planète naine ont attiré l’attention des scientifiques : 

  1. La structure interne de Cérès serait « poreuse », avec de nombreuses « poches » d’eau plus ou moins pure ; en fait, de tous les corps du système solaire « interne », Cérès arriverait seconde après la Terre en termes de quantités d’eau !
  2. La surface de Cérès présente relativement peu de cratères, indiquant un certain niveau d’activité géologique (celle-ci recouvrant les éléments anciens au fil du temps)
  3. Certaines formations photographiées par la sonde rappellent fortement des volcans ; ceux-ci pourraient avoir été formés par des résurgences d’eau « sale » relativement chaude ou (et ?) mêlée de divers autres composés chimiques l’empêchant de geler… 

Eau liquide, chaleur, diversité chimique… Trois éléments ayant été indispensables à l’apparition de la vie sur Terre ! Et si ce petit corps perdu était un terrain favorable à l’existence de formes de vie extraterrestres, même microscopiques ? Même si Cérès n’est pas considérée comme le terrain le plus favorable dans le système solaire, l’hypothèse reste valide 1 !

1   https://solarsystem.nasa.gov/planets/dwarf-planets/ceres/in-depth/#otp_potential_for_life