Bizarreries du zodiaque : boucles sur l’écliptique

Zodiaque. Qu’est-ce que ce mot vous évoque ? Les signes astrologiques bien sûr ! Et que sont ceux-ci, à l’origine ? Des constellations, bien entendu ! Mais… Pourquoi ces 12 constellations-ci, alors que le ciel en compte tant d’autres ? Le zodiaque, en termes astronomiques, est une zone déroutante du ciel pour le néophyte… 

Les babyloniens, les égyptiens, les chinois et les mayas 1 l’ont remarqué dès qu’ils se sont tournés vers le ciel nocturne : Les étoiles sont fixes les unes par rapport aux autres (enfin, du moins à l’échelle d’une vie humaine, mais c’est une autre histoire !), et l’ensemble de la sphère céleste se déplace en parfaite synchronie au cours de l’année et d’une année sur l’autre (là aussi néanmoins avec quelques apparentes inconsistances, expliquées plus bas !). Enfin, tout cela est vrai sauf… Au niveau du zodiaque. Sur cette bande du ciel que traverse notre Soleil dans la journée se déplacent également la nuit des astres « errants » aux mouvements apparents parfois aberrants, les planètes… 

Zodiaque : dans l’œil de l’observateur

Les civilisations pré-scientifiques attribuaient aux objets du ciel le pouvoir d’influencer le cours de leurs vies. Ainsi les planètes, dont le nom moderne provient du grec ancien signifiant « vagabond » 2, étaient perçues par beaucoup de cultures comme des messagères de volontés divines, et leur position dans le ciel devait avoir un sens pour les affaires humaines. La chose était sérieuse : en Amérique centrale, en Inde du nord ou encore et toujours en Babylonie, d’importantes infrastructures 3 furent construites pour surveiller les planètes, et des groupes de spécialistes se dédièrent entièrement à leur observation, processus mal-aisé. En effet, non seulement leur vitesse déplacement apparent dans le ciel varie, mais en plus elles semblent parfois même « rebrousser chemin » ; c’est le fameux mouvement rétrograde, perçu hier comme aujourd’hui comme un mauvais présage par les astrologues 4

Si le déplacement d’une planète avait donc son importance, sa position en avait aussi. Le zodiaque sur lequel elles se déplacent fut donc divisé en 12, suivant les constellations apparentes  de cette bande du ciel : Le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Cependant il y avait un problème, et non des moindres : toutes les constellations ne font pas la même taille, rendant impossible de diviser les 360° du cercle du zodiaque en 12 cadrans de 30° chacun en se basant uniquement sur les constellations… Par exemple, le Cancer est minuscule alors que la Vierge est immense. 

Pour remédier à ce problème, les astrologues grecs établirent des mois astrologiques égaux, eux-mêmes des subdivisions des cycles saisonniers découpés par les solstices et les équinoxes . Cette astrologie dite « tropicale » 5 a le bénéfice de présenter un calendrier cohérent, encore dominant chez les astrologues occidentaux actuels, mais elle se disjoint complètement du temps passé par le Soleil dans les véritables constellations du zodiaque… L’astrologie dite « sidérale », encore dominante dans le domaine en Chine et en Inde 6, se base à l’inverse sur la position exacte du Soleil, dans l’espoir d’interpréter plus correctement les messages du ciel… 

Écliptique : une perspective plus générale

Dans le ciel, pour les planètes elles-mêmes, le « zodiaque » n’as que peu d’importance. On pourrait même presque dire qu’il s’agit d’une « fiction ». Ce qui a une réalité astronomique en revanche, c’est l’écliptique. Qu’est-ce que l’écliptique ? Il s’agit du plan sur lequel s’effectue l’orbite de la Terre autour du Soleil. Or, à quelques degrés d’inclinaison près, ce plan orbitale est également partagé par toutes les planètes qui nous sont visibles à l’œil nu : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne (et Uranus, si vous avez un ciel très clair et savez où regarder). Celles-ci ne s’éloignent jamais de plus de 8°30 degrés de part et d’autres de notre écliptique ; encore maintenant, sous réserve que les conditions soient bonnes, vous pourrez voir les planètes dans la même bande du ciel plus ou moins partagée par les douze constellations zodiacales auxquels s’ajoute une treizième, Ophiuchus (aussi appelée Le Serpentaire) 7

Et le mouvement rétrograde apparent alors, d’où vient-il ? Après tout, nous savons maintenant que toutes les planètes tournent dans le même sens et ne font pas des boucles sur leurs orbites, non ? Vous avez raison, mais le mouvement rétrograde existe tout de même bel et bien… Pour nous observateurs et observatrices terrestres ! Il s’agit d’un problème de géométrie : lorsque la Terre commence à « doubler » une planète externe (Mars, Jupiter…), cette dernière semble ralentir, s’arrêter, et repartir en arrière le temps que notre planète finisse de « doubler » tout en continuant de progresser sur son orbite (voir les illustrations ci-dessous). La même logique s’applique aux planètes internes (Mercure et Vénus), sauf que le phénomène est plus difficile à observer puisqu’il se produit au moment où celles-ci passent entre nous et le Soleil. Tout est, encore une fois, question de perspective !

Schéma des mouvements de Mars dans notre ciel au moment où elle nous semble « repartir en arrière » (mouvement rétrograde apparent).

Schéma très simplifié montrant les mouvements orbitaux de la Terre et de Mars (sens anti-horaire sur le dessin). L’arc de cercle bleu symbolise le fond « fixe » du ciel et les lignes blanches et rouges la vision d’un observateur ou d’une observatrice depuis la Terre. Entre 3 et 4, Mars semble « repartir en arrière » le temps que la Terre la « double ».

Astrologie du futur ? 

Un autre élément a rendu confus les astronomes babyloniens, et il s’agit de la précession des équinoxes 8, à savoir le décalage progressif du point vernal. Le point vernal est, tant en astrologie qu’en astronomie, le point de référence à partir duquel on calcule la latitude et la longitude d’un objet dans le ciel ; il s’agit de la position du Soleil lorsqu’il passe de l’hémisphère nord à l’hémisphère sud de la sphère céleste (au moment de l’équinoxe de printemps). Or, ce point se décale dans le temps, à raison de 1°23 par siècle, entraînant encore un décalage entre les mois zodiacaux « réels » des temps anciens et ceux qui devraient être les nôtres. En fait il nous faudrait attendre 26 000 ans pour que le point vernal achève un cycle complet et revienne à sa position initiale…

Mais nous n’avons pas eu besoin d’attendre aussi longtemps pour réaliser que les autres planètes se fichaient pas mal de ce qui avait lieu sur la nôtre. Et cela aussi, par un concours de circonstances qu’on aimerait attribuer à une volonté du ciel. Une autre belle histoire que nous raconterons bientôt !

1 https://www.teachastronomy.com/textbook/Early-Astronomy/Mayan-Astronomy/

2 https://www.etymonline.com/word/planet

3 https://whc.unesco.org/en/list/1338/

4 https://www.independent.co.uk/life-style/retrograde-meaning-astrology-star-sign-b2077647.html

5 https://www.researchgate.net/figure/The-difference-between-the-sidereal-green-above-and-tropical-zodiac-brown-below-as_fig2_309540058

6 https://en.wikipedia.org/wiki/Hindu_astrology

7 https://time.com/5867647/nasa-zodiac-star/

8 https://climate.nasa.gov/news/2948/milankovitch-orbital-cycles-and-their-role-in-earths-climate/