Saturne, la belle aux anneaux

Saturne s’est taillée une place de choix dans l’inconscient collectif. Son superbe système d’anneaux n’a cessé de fasciner. C’est lui qui donne à cette planète autrement plutôt quelconque son aspect si merveilleux, irréel… Alors, qu’est-ce qui caractérise vraiment la sixième planète du système solaire, et que sont véritablement ses anneaux ? Éléments de réponse !

L’autre poids lourd du système solaire

Saturne, dernière des planètes facilement visibles à l’œil nu, a longtemps été éclipsée dans l’imaginaire humain par Jupiter ou encore Vénus du fait de sa brillance relativement faible et de son déplacement apparent plus lent. À bien des égards, la sixième planète du système solaire paraît relativement peu remarquable : 

  • Saturne est la deuxième planète la plus massive du système solaire derrière Jupiter : Saturne ne pèse « que » 95 masses terrestres, alors que Jupiter en totalise 318 ; Saturne compte pour 21% de la masse en orbite autour du Soleil, mais Jupiter en représente… 71%. 
  • Saturne a une composition relativement similaire à celle de Jupiter, et potentiellement semblable à celle de la nébuleuse stellaire dont est issu le système solaire : majorité d’hydrogène, quantités notables d’hélium, traces d’autres éléments. Son intérieur se divise sans doute également de la même façon que celui de l’autre géante gazeuse de notre système solaire : fine atmosphère d’hydrogène gazeux, manteau d’hydrogène liquide, noyau externe d’hydrogène « métallique » et noyau interne rocheux et/ou ferreux. 
  • Pour des raisons qui ne sont pas encore totalement comprises, l’atmosphère de Saturne paraît  bien moins tourmentée (en tout cas visuellement) que celle de Jupiter. Sa couleur est relativement uniforme, et les bandes nuageuses y sont moins marquées, peut-être en raison de sa température au sommet de ses nuages encore plus faible : — 189°C. Ce qui ne signifie pas pour autant que son atmosphère n’est pas agitée de vents violents, et qu’il ne s’y produit pas des phénomènes météorologiques remarquables : orages si grands qu’ils font le tour de la planète entière pendant des semaines et systèmes nuageux hexagonaux au-dessus des pôles. 
  • La rotation de la planète étant très rapide (seulement 10 heures et 33 minutes), Saturne est comme « aplatie » : elle est près de 10% plus large à l’équateur (± 120 000 km de diamètre) qu’entre ses pôles (± 108 000km), une différence presque aussi grande que le diamètre de notre planète. Sur le terrain de l’aplatissement elle bat même Jupiter !

Une autre caractéristique souvent citée de Saturne est sa densité moyenne totale extrêmement faible : 12% de celle de la Terre, seulement 70% de celle de l’eau pure ! Cependant, cela ne veut pas dire que Saturne « flotterait » si on lui trouvait un océan suffisamment grand, comme on le lit parfois ; si Saturne approchait autant un corps si grand (recouvert d’eau ou non), on assisterait plutôt à un cataclysme cosmique : les deux astres fusionneraient brutalement ! 

Les anneaux, bien sûr…

Ce qui fait vraiment tout pour Saturne, au moins auprès du grand public, ce sont ses anneaux. Bien qu’absolument spectaculaires, ceux-ci sont invisibles à l’œil nu : Galilée (encore lui !) est le premier à les voir à l’aide de sa lunette astronomique, mais il ne comprend pas leur nature, croyant que la planète disposerait de « lobes »… Christiaan Huygens, équipé d’un meilleur instrument (pas de sous-entendu…), identifie leur nature : ce sont des anneaux, des anneaux si fins que, lorsque leur plan est aligné avec la Terre, ils deviennent presque invisibles malgré leur largeur qui doit être immense ! Spécifions ces caractéristiques, confirmées à notre époque et qui donnent le tournis : 

  • les anneaux de Saturne s’étendent approximativement entre 6 000 et 120 000 km de distance de l’équateur de la planète, soit presque autant que le diamètre de Saturne elle-même (pour référence, le diamètre de la Terre est de 12 742 km)
  • Ils excèdent rarement plus de 20 mètres d’épaisseur ! En rapportant cette épaisseur à leur surface absolue, on peut donc dire que les anneaux de Saturne sont proportionnellement plus fins qu’une feuille de papier standard !
  • Les débris qui composent la majorité des anneaux sont pour l’essentiel composés de simple… glace d’eau ! Eh oui, les anneaux de Saturne sont composés de milliards et de milliards de glaçons primordiaux dont la taille va de quelques millimètres à quelques mètres.

Des mystères entourent cependant encore les anneaux de Saturne (sans jeu de mot) : il n’existe pas encore de consensus concernant leur âge et leur origine. La théorie la plus acceptée pour l’instant est que les anneaux seraient jeunes à l’échelle du Système Solaire, ni les radiations solaires ni les poussières du milieu stellaire n’ayant eu le temps de les « ternir ». Selon cette théorie, un évènement cataclysmique se serait produit il y aurait de cela moins de 100 millions d’années : une petite lune glacée serait passée trop près de Saturne et s’en serait morcelée1. Les évènements stellaires brutaux donnent bien naissance à des merveilles… 

1 https://www.nationalgeographic.com/science/article/saturn-rings-formation-theories