La communication au sens large est un processus complexe. À la fois omniprésente dans nos vies et abstraite, la notion de communication ne se définit pas facilement ! Heureusement, de nombreux théoriciens se sont penchés sur le sujet au cours des dernières années, nous permettant notamment d’établir une typologie précise des « ingrédients » nécessaires pour communiquer !
La communication, en tant que moyen de faire passer un message, a été théorisée par des penseuses et des penseurs dès l’antiquité. Cependant c’est au milieu du vingtième siècle qu’émergent des modèles communicatifs. Ceux-ci permettent de donner des représentations schématiques de ce qu’est la communication. Chacun de ces modèles de communication comporte des différences : celui de Lasswell se concentre sur les composantes les plus basiques 1, celui de Shannon et Weaver sur la manière dont le message est créé et opère 2, celui de Schramm sur le codage et le décodage du message 3… Il ressort cependant régulièrement des éléments concordants, des « ingrédients » que nous pouvons lister ici !
1 – Un émetteur / Une émettrice
Pour qu’il y ait communication, il faut évidemment un émetteur ou une émettrice afin de produire ce qui va être communiqué ! Cette entité peut être une personne, une entreprise, une organisation, un programme numérique, un animal, une plante, un champignon, un organisme unicellulaire… L’idée est que l’émetteur ou l’émettrice puisse produire la communication de façon un minimum délibérée et intentionnelle : un objet totalement inanimé ne peut pas lancer une communication. De plus, l’émetteur ou l’émettrice a, selon les modèles, une intention dans la production de sa communication ; elle doit produire quelque chose.
2 – Une information à transférer
Évidemment, une communication implique qu’une information soit transmise. La nature même de cette information, frivole ou critique, importe relativement peu dans cette typologie. En revanche, elle doit être quantifiable ! C’est ainsi que Shannon a créé le concept de « bits » (on ne rit pas !), un outil pratique pour quantifier l’information ! En effet, chaque bit représente une donnée de base, et les langues humaines, les informations numériques ou encore les émissions chimiques biologiques peuvent toutes être subdivisées en bits ! Sans ces bits d’information à transmettre, il n’y a pas de communication !
3 – Un canal de communication (ou support)
La communication doit avoir une forme capable de transmettre l’information. Cette forme peut être de natures diverses : sonore (vocale par exemple), visuelle (écrit, langue des signes…), chimique (odeurs, phéromones…)… Ces mêmes formes peuvent d’ailleurs se combiner ! Par exemple, quand quelqu’un parle, des bits d’information sont évidemment contenus dans les mots émis, mais aussi dans les intonations de la voix ou encore les expressions faciales et corporelles de la personne qui parle. Cependant, si la personne est silencieuse et impassible, aucune information ne passe. Il nous faut un canal pour qu’une communication ait lieu !
4 – Un récepteur / Une réceptrice
Évidemment, toute communication implique qu’il y ait au moins un récepteur ou une réceptrice. Là aussi, sa nature exacte importe peu : individu humain, groupe humain, entité biologique ou mécanique comme un ordinateur… Il n’y a même pas besoin que la communication soit dirigée directement vers le récepteur ou la réceptrice ! Tant que quelque chose capable de recevoir nos précieux bits d’information est présent, alors la communication se produit. Ainsi, par exemple, même quelque chose recevant des bits par erreur ou par inadvertance sera tout de même considéré comme récepteur ou réceptrice !
5 – Une capacité à coder et décoder la communication
Évidemment, pour que la communication puisse vraiment fonctionner, il faut que l’émetteur ou l’émettrice et le récepteur ou la réceptrice partagent un minimum l’encodage de l’information. Sans cela, pas de compréhension générale du message ! L’émetteur ou émettrice « code » l’information de base sous une forme qui doit être compréhensible, et le récepteur ou la réceptrice doit pouvoir saisir cette forme afin de comprendre l’information. L’information elle-même peut difficilement porter son propre code de compréhension : celui-ci est considéré comme maîtrisé par les deux partis !
6 – Un effet
Une communication, qu’elle soit intentionnelle ou non, qu’elle atteigne la bonne personne ou non, produit toujours un effet. À son niveau le plus basique, cet effet est de rendre le récepteur ou la réceptrice conscient de quelque chose. Évidemment, le but de l’émetteur ou de l’émettrice, en lançant la communication, est généralement d’obtenir une réaction du récepteur ou de la réceptrice visée. Cette réaction peut prendre différentes formes, des plus minimes au plus spectaculaires, des plus pacifiques au plus agressives. Encore une fois, la nature de l’effet importe peu tant qu’il est présent !
7 – Une réponse ?
Si le message est passé, alors la communication a bien eu lieu, non ? La plupart des modèles se rejoignent sur cette conclusion, mais certains (et le sens commun du mot) tendraient à indiquer que, pour qu’il y ait communication, il faut qu’il y ait échange ! Les premiers bits d’information dans un sens sont suivis d’une réponse, qui n’est finalement qu’une reproduction du processus en sens inverse, et ainsi de suite… Alors, sans réponse, y a-t-il communication ? À vous de décider !
On peut aussi noter, comme le font certains modèles de communication, que des éléments supplémentaires peuvent s’ajouter : par exemple le contexte d’émission et de réception, la présence de « bruits » supplémentaires ne faisant pas partie de la communication d’origine, etc. On note aussi que certains éléments n’ont pas forcément besoin d’être définis clairement dans les modèles, même s’ils ont effectivement leur importance dans nos communications de tous les jours : le débit (à quel vitesse nous pouvons transmettre nos bits d’information), l’intention à l’origine de l’information, l’identité du récepteur ou de la réceptrice…
En tous cas, si nous n’avons pas au moins nos 6 premiers « ingrédients » d’impliqués dans le processus, alors on peut considérer que la communication a échoué, ou n’est pas complète ! Ainsi, les plaques des sondes Pioneer et les disques d’or des sondes Voyager ne sont que des tentatives de communication ! Elles n’ont pas encore été reçues, il n’y a donc pas réception, et il est impossible de savoir si elles seront comprises, car une capacité de décodage n’est pas certaine dans ce cas.
Maintenant, vous pouvez aussi vous demander, pour chaque communication que vous opérez chaque jour, si elle contient chacun de nos éléments. Si la communication « passe » d’une certaine façon, alors il y a de fortes chances que oui !
1 ↑ https://www.communicationtheory.org/lasswells-model/
2 ↑ https://www.communicationtheory.org/shannon-and-weaver-model-of-communication/
3 ↑ https://www.communicationtheory.org/osgood-schramm-model-of-communication/