Communication : pour qui et surtout pourquoi ?

Pourquoi « communiquer » ? Après tout, on arrive bien à passer plusieurs heures ou même jour sans parler ou échanger avec quiconque en se forçant un peu ! Cependant, aucun humain ne peut passer toute son existence sans jamais communiquer. Il est même certain que l’humanité ne serait jamais parvenu où elle en est sans communiquer. En fait, la communication n’est pas qu’une composante essentielle de notre humanité, mais de la vie elle-même. Mais qu’est-ce qui peut communiquer, et pourquoi ? 

La communication est partout 

La communication existe, même à un degré extrêmement basique, chez tous les êtres vivants 1. Tous les éléments constitutifs de la communication se retrouvent jusque dans les signaux moléculaires que partagent les organismes unicellulaires ou même les cellules de notre propre corps. Les champignons mais aussi les plantes sont capables d’échanger des informations par canaux chimiques 2. Même les animaux qui nous semblent les plus simples mais aussi les plus antisociaux ont des moyens de communications basiques 3 passant par des émissions et des réceptions olfactives, visuelles, sonores ou même haptiques (liées au toucher). 

Évidemment, ces communications ne s’accompagnent pas de processus conscients, notamment pas chez les microorganismes, les champignons et les plantes, qui n’ont même pas de système nerveux. Même chez une majorité d’animaux dont les capacités cognitives semblent relativement simples (mais attention aux jugements de valeur !), on ne peut guère parler de communication complexe ou intentionnelle. Et pourtant, même sans conscience profonde, l’information est transmise d’un animal à l’autre, au sein d’une même espèce ou même entre des individus appartenant à des espèces différentes ! Cela avec différentes conséquences…  

Les différents usages de la communication

Entre humains (et dans le reste de la nature) la communication sert à bien des choses. Pour nous, au-delà d’exprimer ce qui nous passe par la tête, elle permet d’entretenir des relations qui peuvent concourir à notre bien-être émotionnel et physique, au succès de notre reproduction, au fait d’acquérir de la nourriture et d’autres ressources… Autant d’éléments qui permettent notre survie, soit en tant qu’individus, soit (directement ou indirectement) en tant que lignées génétiques. Un principe et des usages communicatifs qui se retrouvent dans le reste du monde vivant, des espèces en apparence les plus simples aux plus complexes. 

Celles-ci utilisent aussi leurs capacités à communiquer de façons moins… « positives ». Celles-ci peuvent permettre aussi de lutter, de repousser ou de battre un membre de la même espèce. Et on note aussi l’existence de communications permettant de repousser les prédateurs potentiels (dispositifs visuels, chimiques ou sonores pour les effrayer ou les dégouter) ou d’attirer d’éventuelles proies (là aussi avec des méthodes variées destinées cette fois-ci à attirer). Évidemment, ces finalités communicatives se retrouvent aussi chez les humains ; leur origine se trouve d’abord dans la notion de survie, même si la communication a aussi été cooptée à des fins que l’on pourrait juger particulièrement négatives chez notre espèce…

Le but final : surpasser l’entropie

Le lien entre vie et communication parait évident, en tout cas sur Terre (et on ne connait pas encore de vie ailleurs en 2024 !). Seulement, pourquoi ? Comme on l’a vu, la communication est un outil essentiel des formes de vie pour leur survie. La survie d’un individu ou d’une espèce implique de pouvoir exploiter son environnement, et de l’influencer. Or, qu’ils soient membres de la même espèce ou appartiennent à un genre différent, les autres êtres vivants font aussi partie de l’environnement. Et ni force brute, ni capacités d’absorption ne suffisent toujours à leur faire faire ce qui nous est bénéfique. 

Le fameux théoricien de la communication Claude Shannon aurait eu une formule célèbre au sujet de ce qui est transmis lorsqu’on communique. L’information est, fondamentalement, quelque chose qui va contre l’entropie 4. L’entropie peut entre autres être définie comme l’état tel quel de l’univers, où tout doit normalement reposer dans l’état le plus simple et fortuit possible. Or, certains scientifiques et philosophes définissent également la vie comme une entorse à l’entropie, un système capable de se reproduire de lui-même et d’aller contre l’état induit de l’univers 5. De là à dire que vie et communication vont forcément de paire, il n’y a qu’un (théoriquement immense, certes) pas intellectuel.

La vie cherche toujours à survivre, et la communication est sans aucun doute l’un de ses outils les plus puissants à cette fin !

1   https://www.researchgate.net/publication/329486372_Communication_as_the_Main_Characteristic_of_Life

2   https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3405699/

3   https://www.nature.com/scitable/knowledge/library/an-introduction-to-animal-communication-23648715/

4    https://www.quantamagazine.org/how-claude-shannons-concept-of-entropy-quantifies-information-20220906/ 

5   https://www.quantamagazine.org/a-new-thermodynamics-theory-of-the-origin-of-life-20140122/